Qu'il est beau le petit monde du cinéma français lorsqu'il se regarde le nombril, et dont « Chicas » est malheureusement le plus bel exemple qui soit. Le pire, c'est que je n'en veux même pas à Yasmina Reza, écrivaine talentueuse ayant voulu faire une nouvelle expérience, d'autant que la sincérité est évidente, quelques passages assez drôles et surtout l'interprétation de qualité, notamment Emmanuelle Seigner, Valérie Dréville et l'irrésistible Bouli Lanners. Mais quand même, quel ennui... Pratiquement aucune histoire et surtout très peu de cinéma, voilà ce qui ressort d'une œuvre préférant accumuler les scénettes chichiteuses et sans intérêt, le tout à un rythme aussi haletant que l'assommante pièce bulgare que doit interpréter l'une des heroïnes.

On ne sent aucun amour du septième art, aucune volonté de se transcender, d'aller plus loin dans le propos sur la famille, les relations unissant les uns aux autres de façon parfois contradictoire. Juste un pauvre truc extrêmement bavard sur des gens d'un intérêt très moyen, preuve même d'un certain mépris vis-à-vis du spectateur souvent médusé par autant d'égocentrisme mal placé. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur « Chicas », ne serait-ce que sur la mainmise de quelques producteurs mal avisés sur un certain « cinéma d'auteur » hexagonal, mais ce serait lui faire trop d'honneur : laissons donc celui-ci à sa seule place, celle de l'indifférence générale dans laquelle il est sorti.