Avec l’affaire Grégory, les accusés d’Outreau est un faits divers morbide dont la justice se serait bien passé tant les manquements ont été nombreux. Des personnes inculpées sur simple témoignage d’enfants, un juge d’instruction qui aura une idée toute faite de la culpabilité des intéressés, de simples éléments de la vie quotidienne qui sortis d’un contexte se retournent contre vous, etc. Outreau aura marqué et même coûté la vie d’innocents.

En 2011, Vincent Garenq adapte au cinéma le récit d’un de ces condamnés, innocenté depuis, face à injustice. Personnellement, je ne connais pas le bonhomme mais y voir Philippe Torreton jouer Alain Marécaux suffisait à éveiller mon intérêt, en plus du sujet lui-même.

J’ai un petit peu pensé à Jusqu’à la Garde en voyant ce Présumé Coupable. Un montage sans fioriture, une musique absente, mais surtout une tension quasiment permanente que Garenq insuffle parfaitement dans son film. La descente aux enfers, nous la vivons avec Alain Marécaux. Le cinéaste nous happe dans cette chute interminable, dans cette injustice que nous ressentons comme Alain.

Sur ce point, le film est une réussite. La bête judiciaire est lancée et broie tout sur son passage. Elle y démontre un ordre judiciaire incapable de remise en question, condamnant d’ailleurs certains des inculpés dans l’unique but de sauver la face.

Pour cette œuvre, on peut compter sur une performance exceptionnelle de Philippe Torreton, qui n’hésitera d’ailleurs pas à perdre beaucoup de poids pour ce rôle.

Si les quinze dernières minutes de l’œuvre perdent en puissance et en tension, l’ensemble n’en demeure pas moins une fiction impressionnante et rappelle que la France peut encore produire et réaliser de très belles œuvres.