Après Donkey Punch et Confession d'un cannibale, voilà que j'atteins ma troisième et avant-derrière séance du festival CinéMadness, et c'était donc au tour de Grace d'être visionné. Ayant reçu de nombreux prix dans divers festivals (Gérardmer, Sitges et After Dark) j'attendais beaucoup de Grace, et on peut dire que je n'ai pas été déçu. Petite production américaine, réalisée et écrite par Paul Solet (qui signe là son premier long-métrage), elle nous raconte une histoire particulièrement glauque et que je déconseillerais aux femmes enceintes et/ou sensible à ce type de sujet. Madeline (Jordan Ladd), et Michael (Stephen Park), un jeune couple, tentent pour la troisième fois d'avoir un enfant, les deux premiers essais s'étant soldés par de fausses couches. Madeline étant végétalienne, écolo et anti-hopitaux, elle optera pour l'accouchement dans une clinique de sages-femmes. Malheureusement suite à un accident de voiture Michael mourra, ainsi que le bébé, toujours dans son ventre, mais elle décidera néanmoins de porter sa grossesse à terme. Et oh miracle, quelques minutes après l'accouchement la petite Grace reprendra vie, et se portera, au début, très bien. C'est seulement au fil des jours que Madeline découvrira que la petite n'est pas comme les autres bébés, elle n'a pas besoin de lait, mais de sang, envers lequel elle aura un appétit insatiable. Rappelant Zombie Honeymoon, dans lequel une femme nourrissait son mari devenu zombie, Grace va cependant plus loin, et dans un registre tout à fait différent. Le premier ne se contentait que d'exposer des scènes gores, alors que Grace, quand à lui, nous montre la lutte d'une mère seule, torturée face à l'horreur, et sacrifiant son propre sang pour nourrir son enfant, la seule chose qui lui reste au monde. Tout virera cependant au drame quand sa belle-mère, traumatisée par la mort de son fils, viendra mettre le nez dans ses affaires, persuadée qu'elle s'occupe mal du bébé et voulant se l'accaparer. Fier d'une mise en scène particulièrement bien foutue, d'une photographie assez travaillée, d'une progression narrative bien ficelée, et de l'excellent jeu d'acteur de Jordan Ladd, Grace réussit à mettre en place une atmosphère malsaine et nauséabonde, et ce du début jusqu'à la fin, nous faisant nous demander comment tout cela finira. Bref un film naviguant entre thriller, épouvante, fantastique et horreur, et faisant figure de parfait successeur à Rosemary's Baby, car tout comme se dernier il se concentre d'abord sur l'ambiance plutôt que sur le gore, n'affichant que très peu de fois de sang, si ce n'est celui de l'accouchement. Mention spéciale pour Gabrielle Rose, rentrant parfaitement dans son rôle de belle-mère protectrice et anti-progressiste, complexe et détestable au possible.