Je partais avec un a priori assez négatif sur ce film. D'ailleurs je l'ai dit pendant les pubs au pote avec qui je suis allé le voir : "Je te préviens, si je n'aime pas, je ne ferai pas semblant !". Pourquoi cet avertissement ? Parce que le pote en question tient son tour premier (petit) rôle au cinéma en interprétant le tueur en série dans L'autre vie de Richard Kemp . Et si ce n'est pas la première fois que je vois un film dans lequel joue un pote, c'est la première fois que je suis assis à côté de lui pendant la projection ! ^^

Mes a priori sont très vite tombés. Germinal Alvarez, qui signe ici son premier long métrage, réussit à la fois à mener une intrigue policière qui tient la route de bout en bout et à rendre son histoire de voyage dans le temps immédiatement captivante : d'une, en parvenant à créer l'impression d'une ville irréelle, de deux en ne s'encombrant ni d'explications ni de détails qui auraient pu causer bien des accidents au niveau de la crédibilité et de la finesse de la chose, de trois en utilisant intelligemment tous les clichés que l'on attend d'une trame de ce genre - le héros vieux confronté à lui-même jeune, ses tentatives pour changer le passé, l'impact que ça a sur le cours des choses telles qu'elles ont déjà eu lieu, etc.

Alors il y a bien quelques faiblesses : Mélanie Laurent en femme de 42 ans, ça ne passe pas (alors que le maquillage qui rajeunit Anglade est positivement bluffant), la toute dernière scène est à mon sens superflue, la séquence de course-poursuite sur une échelle entre Kemp et le serial killer est un peu bidon, tout comme les révélations sur le profil psychologique et les motivations de ce dernier.

Malgré cela, L'autre vie de Richard Kemp, avec son ambiance particulière et bien tenue, son scénario malin qui joue habilement des situations que l'on attend d'un film "en mode Retour vers le futur" et son traitement efficace d'une intrigue pas évidente à faire gober par chez nous, s'impose comme un très bon thriller fantastique français.