40 ans : Mode d'emploi - Film (2012)
Film de Judd Apatow Comédie 2 h 14 min 21 décembre 2012
Seul homme à la maison, Pete est marié depuis des années à Debbie avec qui il a eu deux filles, Charlotte et Sadie, âgées de 8 et 13 ans. Pete aura bientôt 40 ans et le bilan est rude : Unfiltered Records, la maison de disques indépendante qu’il a créée, bat de l’aile, son père Larry, qui a récemment, et artificiellement, engendré des triplés, compte éhontément sur son soutien financier pour nourrir cette nouvelle famille, et à la maison, la vie n’est pas non plus un long fleuve tranquille. Le quotidien avec Debbie et les filles est une série de conflits et de complications sans fin. Quant à Debbie, elle a ses propres difficultés professionnelles et filiales. Elle essaie opiniâtrement d’être une épouse et une mère parfaite, mais elle a un mal fou à négocier le virage de la quarantaine. Et pour couronner le tout, leur aînée est en pleine crise de puberté. Pete et Debbie ont atteint l’âge où le pardon, à eux et aux autres, et le lâcher-prise sont des conditions sine qua non pour parvenir à profiter du reste de leur vie... en évitant d’en passer par le meurtre.
40 ans : Mode d’emploi concentre tout le savoir de Judd Apatow en matière de comédie : une galerie de personnages hauts en couleurs, un rythme alerte, un sens de la punchline sur fond de conflits familiaux et d’écarts générationnels – la scène fameuse au cours de laquelle les parents invitent leur fille aînée à se construire un fort dans l’arbre ou à faire tourner une roue avec un bâton –, un comique trivial voire vulgaire mais qui, ce faisant, déconstruit en partie les codes de la romance ainsi que les représentations idéalisées de la famille puritaine américaine. Si Melissa McCarthy n’a que deux scènes, elle réussit à imposer sa drôlerie, composant de véritables morceaux d’anthologie ; les deux acteurs principaux ne sont pas en reste et font preuve d’une alchimie qui transporte et assure le spectacle pendant plus de deux heures, un peu longuettes néanmoins.
Apatow décante fort bien les névroses du couple aux environs d’un âge-pivot : l’angoisse perpétuelle à l’idée de voir son conjoint se lasser et partir, l’incapacité des corps à se conformer aux images stéréotypiques qui circulent partout, le désir en dents de scie parce que subordonné à une vie de famille. Le film réussit à brosser un tableau large et homogène d’une certaine réalité sociale jusqu’alors écartée du grand écran, osant même capter ses personnages dans des situations perçues au cinéma comme des tabous – le mari passe une demi-heure assis sur les toilettes, il pète au lit ; la femme fait une mammographie puis une vaginographie. Il y a quelque chose de très accessible dans 40 ans : Mode d’emploi, une proximité vis-à-vis des protagonistes qui décomplexe et déconcerte. On en redemande !