En signant ce film, Cédric Jimenez parvient à gagner un extraordinaire tour de force. Il réussit à montrer un juge extrêmement charismatique sans tomber dans l'excès, il réussit à évoquer un milieu policier marseillais corrompu sans tomber dans la caricature, il réussit à suggérer un milieu d'une violence bestiale sans que la violence soit gratuite. Bravo monsieur Jimenez !

Ce film retrace le duel auquel se sont livrés deux hommes, d'une part, le juge Pierre Michel incarné par Jean Dujardin, et d'autre part, Gaëtan Zampa, qui était à la mafia marseillaise ce qu'Al Capone était à la mafia de Chicago, incarné par Gilles Lellouche. Passons l'interprétation de Jean Dujardin, elle était assez fidèle à l'image que je m'étais fait du juge Michel et qui est bonne. Celui qui m'a vraiment surpris, c'est Gilles Lellouche. Au départ, je m'attendais à voir un homme expansif dont la violence était visible mais c'est un tout autre portrait de cet homme que nous montre Gilles Lellouche. Gilles Lellouche nous présente un Gaëtan Zampa froid, d'une froideur terrifiante. Sa violence est glacée et la seule scène où cette violence explose est celle où une petite frappe lui dit qu'il a tort en ne prenant qu'une Vittel alors que deux de ses amis sont morts sous les balles du Fou (dont l'histoire est retracée dans le film l'immortel de Richard Berry mais qui n'est pas d'un grand intérêt tant ce film ne tient pas la comparaison avec La French).

J'ai revu avec un immense plaisir Eric Collado dans le rôle d'un malfrat. Pauline Burlet nous a offert une très jolie prestation dans le rôle d'une jeune toxicomane rencontrée par Pierre Michel alors qu'il est encore Juge des mineurs. Mettre le personnage de Lily en avant était une excellente manière de montrer comment et pourquoi le juge Michel avait travaillé avec autant d'acharnement contre la mafia marseillaise et plus précisément le trafic de drogue.

Au final, j'ai beaucoup aimé ce film mais je l'aurais coupé au moment exact où le juge Michel s'effondre après avoir reçu une balle en pleine tête. Ce film se serait alors achevé sur une superbe épanadiplose. Le film commençait par une fusillade qui annonçait l'arrivée du juge Michel, le film aurait du se terminer par une fusillade qui annonce la mort du juge Michel. J'aurais réservé les 15 dernières minutes du film à la version BluRay/DVD sous la forme d'un bonus.

Parce que la bande originale n'est pas extrêmement marquante et parce que ce film ne se finit pas par une épanadiplose, je ne lui mets que 9/10.

Je mets en lien l'émission de Jacques Pradel, l'heure du crime, du 24 novembre 2014 et qui retrace l'histoire du juge Michel en évoquant les quelques libertés scénaristiques prises par Cédric Jimenez.