Une lettre ne s'écrit pas est un drame, une romance, une comédie, un OVNI dans le paysage cinématographique français et à ce titre, il mérite d'être vu. Très peu de moyen, aucun effet particulier, le film vaut pour son argument, ses acteurs et sa profondeur de vue. L'idée de départ est très bonne : Nina est sur le point de se marier avec un homme qu'elle n'aime pas profondément. Elle est abandonnée par ses amies sur le bord de la route pour célébrer son enterrement de vie de jeune fille. Chouette bizutage s'il en est !

Désemparée, sans argent, elle rencontre Julien, apprenti cinéaste/scénariste. Il met sa vie en scène comme il fantasme ses films. La rencontre entre deux âmes solitaires est complètement surréaliste. Elle est en pleurs, lui menace de la tuer si elle se marie. Un jeu commence entre eux qui ne terminera que... NON, je ne raconterai pas la fin ! Pour qui me prenez-vous ? Ils ne se quitteront plus, leur relation fusionnelle marquée par leur amour de la vie, leur relation sans cesse renouvellée, l'un comptant pour l'autre plus que tout. Pour éviter la souffrance que pourrait infliger à sa jeune compagne de route sa maladie, il lui mentira, il lui affirmera avoir le SIDA pour la faire fuir. Elle ne sera pas découragée et lui voyant la confiance accordée et reçue en échange se verra lié à elle pour le meilleur. Le réalisateur, dont c'est le premier film s'intéresse et analyse avec un certain talent la complexité des sentiments humains, ce qui fait la richesse des relations entre les êtres. Le partage, les expériences partagées... La crudité de certaines scènes ne sont pas superflues, à part une scène de triollisme qui m'a dérangée un tantinet. Non pas en tant que telle mais par ce qu'elle véhicule de par les personnes impliquées. Dans son premier film, l'ami Guillaume L. réussit à exprimer l'indicible mais n'évite pas certaines maladresses et un côté brouillon qui rend le métrage inégal sur la durée. Cela étant dit, le charme de la Provence, la magnifiscence de la demeure située dans la campagne près du Chaffaut (à côté de Dignes) qui est un mas qui me fait personnellement rêver font de cette première oeuvre un film qui donne envie de suivre la carrière de ce Guillaume Levil qui me manque pas de personnalité. Beaucoup de poésie, de l'humour, du drame et une bonne dose d'humanité font que l'on arrive à passer sur certains défauts "du débutant" pour "attendre la suite". Je le conseillerais bien à certains de mes éclaireurs mais en voyant la distribution qui lui est octroyée, je crois que je perdrais mon temps. Espérons qu'il bénéficie d'une bonne sortie DVD.