A Girl Walks Home Alone at Night - Film (2014)
Film de Ana Lily Amirpour Épouvante-Horreur, romance et thriller 1 h 39 min 21 janvier 2014
Dans la ville fantôme iranienne Bad City règnent la mort et la solitude. Sans que personne ne s'en aperçoive, un vampire solitaire observe et surveille...
Noir et blanc de Tetro et thématique de Twixt pour ce film de vampires iranien qui reprend la trame du genre modernisé pour devenir un exercice de style comme l’était plus tôt dans l’année la fresque belle mais plate de Jim Jarmusch, Only Lovers Left Alive. On atterrit dans cette ville déserte, où la population paraît partagée entre les dealers, les prostituées et les clients ; dans un vide qui utilise au mieux la plausible stature de film fauché. Avec le long-métrage de Jarmusch, A Girl Walks Home Alone at Night partage une bande-originale hallucinante, alternant les artistes peu connus par ici tels que Federale ou Bei Ru, faisant s’alterner les morceaux de country avec du rock et de la musique traditionnelle. Ces derniers finissent par rendre flou le genre exact du long-métrage, lui donnant des airs paradoxaux de Western oriental mélangé à du fantastique joyeusement outrancier.
Les différentes figures du film sont traitées avec un second degré souvent drôle. Le dealer est un abruti musclé, tatoué, à la coupe excentrique ; la vampire est vêtue d’un voile de musulmane, et le protagoniste est profondément banal. On peut également rire de certaines répliques, certaines situations, en même temps que les passages où la musique est maîtresse de l’instant arrivent sans mal à transporter, de par l’esthétique relativement poussée de cette série B pleine de charme, potentiellement hypnotique. L’actrice principale apparait mystérieuse dans son mutisme pathogène, tandis que le protagoniste rappelle sur bien des points Alden Ehrenreich, faisant émerger un point commun supplémentaire avec la trilogie récente de Coppola.
Le silence d’A Girl Walks Home Alone at Night paraît laisser libre court à toutes sortes de surprises tant formelles que narratives. On n’est jamais trop sûr de ce qui va se passer, largués entre deux tonalités et plusieurs genres et nationalités, sans qu’on n’en arrive à trouver la déroute désagréable – bien au contraire. C’est à ce côté très pop, ici associé à ce mélange de cultures, que l’on doit ce renouvellement du film de vampires auquel on assiste depuis quelques années, après les différentes tornades qui avaient contribué à l’enterrer. L’ensemble s’avère très plaisant et on finit content de découvrir un film de genre issu d’un pays où les quelques longs-métrages auquel on a l’accès facile sont principalement axés sur un réalisme engagé.