Iqbal, l'enfant qui n'avait pas peur - Long-métrage d'animation (2015)
Long-métrage d'animation de Michel Fuzellier et Babak Payami 1 h 20 min 19 novembre 2015
Iqbal est un petit garçon espiègle et joyeux qui passe son temps entre les jeux avec ses copains, sa petite chèvre adorable et ses superbes dessins.
Il vit dans un village reculé du Pakistan avec son frère et sa mère Ashanta, une femme courageuse qui pourvoit aux besoins de la famille en attendant le retour de son mari, parti loin pour travailler.
Malgré son jeune âge, Iqbal a beaucoup de talent, c’est un véritable artiste. Il a même appris de son grand-père l’art de nouer les tapis de Bangapour, des œuvres d’une grande valeur qui requièrent du goût, de la patience et de petits doigts agiles.
Un jour, tout va changer… Son frère tombe gravement malade et il lui faut des médicaments coûteux, trop coûteux...
Promu par l’U.N.I.C.E.F. et inspiré de faits réels, Iqbal retrace le parcours hors du commun d’Iqbal Masih, enfant pakistanais vendu comme esclave alors qu’il n’avait que quatre ans et assassiné à l’âge de douze ans par la mafia, car il était devenu porte-parole des enfants esclaves. Si l’histoire est marquante, elle l’est d’autant plus que la personnalité de cet enfant avait une force peu commune. Il semble affronter son destin avec une maturité qui impose l’admiration et questionne sur cette innocence, qui fait le sel de cette période de la vie et dont on semble les priver.
En sortant de la séance on se pose la question de la qualité de l’animation car, si on peut y voir une volonté artistique de se démarquer, on peut aussi se demander si un budget plus conséquent aurait été de trop. Pourtant les décors sont d’une grande beauté et offrent un Pakistan splendide, mais l’animation ne va pas dans le détail et manque sérieusement de fluidité. Pourtant Iqbal ne vient pas d’un pays où les moyens cinématographiques manquent, la France et l’Italie sont capables de beaucoup mieux. Heureusement, la bande originale composée par Patrizio Fariselli est superbe, dépaysante et moyen-orientale sans faire de nous des touristes de l’exotisme, elle vient dramatiser les moments les plus difficiles.
Mais là où Iqbal pêche vraiment c’est dans son propos, dans sa manière de dénoncer et de montrer du doigt les responsables de l’exploitation des enfants. On souligne bien la responsabilité de l’esclavagiste ainsi que du receleur occidental, mais cela reste le minimum syndical. Aucune trace en effet du bout de la chaîne, à savoir l’acheteur, le consommateur que nous sommes. Ce consommateur aujourd’hui bien conscient car bien informé des pratiques et des conditions de travail qui se cachent derrière un jean pakistanais à moins de dix euros. De lui, aucune trace dans Iqbal et par là, aucune possibilité de responsabiliser les plus jeunes spectateurs dans leurs futurs actes d’achat à petit prix.
Sans être forcément exemplaire, l’histoire d’Iqbal est édifiante en ce qu’elle montre la réalité d’un monde sur laquelle nous sommes très nombreux à pleurer régulièrement pendant quelques instants, pour l’oublier aussitôt et retourner à notre mondialisation prétendument heureuse. Voir Iqbal est-il un acte militant ou un énième moyen d’apaiser sa conscience à peu de frais ? C’est à chacun de voir avec lui-même, en tête-à-tête avec sa conscience mais une chose est sûre, vos enfants y trouveront autre chose que la tiédeur fadasse des productions Disney.
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