L'époque, j'y suis allez avec pas mal d'attente. Parce que selon moi j'en fait parti de cette époque, et on est trop souvent persuadé de nous connaître mieux que quiconque. Déjà, l'époque c'est un documentaire qui ne brasse pas une multitude. Située à place de la République, Paris, le réalisateur Mathieu Bayeirre ne tombe pas dans le docu-fourre-tout, à interroger tout azimut les passants. Non, son objectif-caméra, c'est de filmer une jeunesse qui se révolte. Une jeunesse qui, à contre courant d'un monde de plus en plus libéral -où vieillir rime souvent avec trahir et s'enrichir - se heurte violemment, directement à l'État dans sa manifestation la plus brute et matérielle - la police. La police : celle qui matraque, arrête, tabasse, viole, tue... Une police qui avait l'habitude d'avoir une clientèle plus dans les quartiers paupérisés que dans le XIéme arrondissement. Et justement, c'est cela qui fait juste : les jeunes filmés ne sont pas des aspirants anarchistes, fils d'ouvriers italiens. Ces jeunes, c'est la jeunesse dorée parisienne, désillusionné par le réel, le futur, le présent. Meurtri par la police, le travail, le libéralisme. Parce qu'on vit une époque injuste, brutale, froide, questionner le politique, questionner nos passions, c'est questionner un héritage et une projection de plus en plus problématique et blême. 2016, Nuit Debout, c'est une période où un certain pan de la jeunesse se politise - se radicalise n'ayons pas peur de le dire. Se radicaliser dans le sens prendre les choses à la racine. Car qu'est-ce qui est à la racine de la police ?

Un documentaire juste, un documentaire vraie, sur une vie de passion, de manifestation et de boisson.

"La police elle est pas là pour vous tabassez elle est là pour vous protéger" - "Ah ouais ? et qui nous protége de la police?" - LA HAINE.