Le Mariage de Verida - Film (2019)
Film de Michela Occhipinti Drame 1 h 34 min 4 septembre 2019
Verida est une jeune femme mauritanienne. Elle partage sa vie entre son travail d'esthéticienne dans un salon de beauté et les sorties avec ses amies. Un matin, sa mère lui annonce qu'elle lui a trouvé un mari. Commence alors la tradition du gavage, on lui demande de prendre du poids pour plaire à son futur mari. Alors que le mariage approche, Verida a de plus en plus de mal à supporter cette nourriture en abondance, le changement de son corps et l’idée de se marier avec un homme qu'elle n’a pas choisi.
Il y a toutes les raisons d'être méfiant quand un film occidental se penche sur des us et coutumes jugés barbares, dans un endroit de la planète prétendument moins "développé." En l'occurrence, dans Le mariage de Verida, il s'agit de la Mauritanie et de la pratique qui consiste à gaver de nourriture la promise avant son union arrangée, afin de plaire au futur époux et à la belle-famille. Cependant, malgré les préventions d'usage, le premier long-métrage de fiction de l'italienne Michela Occhipinti semble plus que sincère et honnête dans sa démarche. Tais-toi et mange, tel est donc l'ordre donné à une jeune femme sans que quiconque n'y voit d'objections, hormis les amies proches de la susdite, pour qui la soumission à des règles dépassées est incompatible avec leur mode de vie, plus proche de la "modernité" qu'on ne le pense. Le mariage de Verida trace un portrait sensible et nuancé d'une adolescente partagée entre le respect et la rébellion. Peu de clichés apparaissent dans une peinture sociale qui aurait tout de même gagnée à s'élargir, au-delà du quotidien de son héroïne. La direction d'acteurs d'Occhipinti est remarquable et la mise en scène sobre mais jamais mièvre. La réalisatrice, qui a signé auparavant un documentaire sur le désert, aurait sans doute pu donner davantage d'espace au romanesque mais c'est avant tout un film sur une tradition que l'on a bien du mal à ne pas condamner, aussi étrangers à la Mauritanie et à sa culture que nous puissions être.