En guise de nouveau projet pour assurer leurs arrières, six acteurs d'une série proche de l'annulation décident de se mettre en scène dans un film d'horreur que l'un d'entre eux est en train d'écrire. Mais la fiction se met à rejoindre dangereusement la réalité quand, pour plus d'authenticité, ils décident d'utiliser une mystérieuse incantation dénichée sur Reddit...nn"Untitled Horror Movie" est à des années-lumière d'un long-métrage parfait, loin s'en faut, mais, bon sang, des quelques films de genre tournés dans les conditions drastiques du confinement (via Zoom, sans possibilité d'interagir physiquement avec autrui, etc) et qui, la plupart du temps, dissimulaient la médiocrité de leur proposition derrière un format forcément plus atypique (coucou "Host" !), en voilà un qui a enfin un concept sympathique pour s'en servir et plutôt bien mener sa barque entre épouvante et comédie satirique ! nnLa pandémie de Covid n'est d'ailleurs pas un sujet dans "Untitled Horror Movie", le film s'articule seulement de manière méta autour de six acteurs -plus quelques guests- obligés de rester en stand-by à cause de leurs contrats. De la réalité à la fiction, le duo formé par Nick Simon (réalisateur) et Luke Baines (scénariste et acteur, Declan dans le film) se mue en un unique alter-ego lors des visioconférences à l'écran Kip (Timothy Granaderos), celui qui propose une porte de sortie aux déboires professionnels de ses collègues grâce à une série de scènes d'épouvante plus ou moins inspirées que chacun doit se réapproprier de son côté.nUne des idées les plus malignes de "Untitled Horror Movie" est sans doute d'avoir confié ces rôles stéréotypés d'acteurs de seconde zone a de vraies têtes connues de séries TV qui prennent un plaisir manifeste à se servir de leurs expériences de tournages pour donner vie à ces personnages superficiels ! Entre la blonde écervelée (Katherine McNamara de "Arrow"), le jeune premier naïf (Darren Barnet de "Mes Premières Fois"), la militante cynique (Emmy Raver-Lampman de "Umbrella Academy") ou encore la starlette prétentieuse (Claire Holt de "The Originals" -mention spéciale à cette dernière), les remarques acerbes fusent afin de tourner en ridicule l'ego démesuré de ces archétypes de jeunes comédiens hollywoodiens. Alors, oui, "Untitled Horror Movie" ne révolutionne en rien le regard critique et humoristique posé sur ce milieu mais il parvient à faire mouche dans l'échantillonnage bien senti qu'il met en scène et la jubilation contagieuse de ce casting visiblement aussi heureux que leurs personnages de pouvoir exercer leur métier dans ce type d'exercice malgré le confinement. De plus, le film entrecoupe leurs échanges sarcastiques sur Zoom avec leurs propres saynètes où chacun s'éclate à réaliser sa propre variation d'une séquence éculée d'épouvante sous -on l'imagine- les directives de Nick Simon.nD'ailleurs, pour un film de ce format souvent peu à même de briller esthétiquement, il faut saluer le véritable soin apporté à l'image par Simon que ce soit dans les changements de technologie pour filmer et apporter une nouvelle dynamique à l'intrigue ou la représentation des intérieurs (lumières, couleurs, etc) cherchant à refléter la personnalité de chaque participant, on ressent une réelle volonté d'offrir une dimension cinématographique plus léchée qu'à l'accoutumée à un long-métrage de cet acabit. Si la première partie du film va se charger avant tout de nous faire sourire avec sa bande d'acteurs perchés, "Untitled Horror Movie" va être évidemment amené à prendre une tournure bien plus horrifique en cours de route. Là encore, le film n'abandonnera jamais son humour (il faut voir le regard de gosse surexcité du personnage de Timothy Granaderos en train de prendre des notes devant l'extraordinaire de la situation) mais il le fondera dans un mélange des genres qui parviendra à conserver la malice de sa charge satirique tout en réussissant à remettre au premier degré les codes d'épouvante qu'il tournait en dérision jusqu'alors. Certes, une fois de plus, cet aspect surnaturel de l'intrigue ne sera pas d'une originalité folle mais la conjugaison d'effets minimalistes, de comédiens investis et d'une direction maitrisée dans la montée en puissance des événements arrivera à nous faire prendre au jeu de l'ensemble, notamment lors de la plus longue conversation Zoom du long-métrage, concrétisation semble-t-il de toutes les intentions de départ du projet. Ensuite, ce sera un peu plus compliqué. Le dernier acte donnera trop l'impression de naviguer à vue dans l'attente de révéler sa conclusion ironique (et prévisible), perdant beaucoup de ce qui faisait l'attrait du film jusqu'alors et révélant au passage les failles d'un scénario ayant des difficultés à se maintenir au-delà des limites de son concept.nCela n'enlèvera rien à la bonne humeur constante que l'on a ressenti à travers "Untitled Horror Movie", sa troupe d'acteurs et ses temps forts mais on en ressortira tout de même avec l'impression d'avoir assisté à un exercice qui aura beaucoup de mal à perdurer dans les mémoires une fois la pandémie de Covid et les périodes de confinement derrière nous.