On ne savait pas vraiment quoi penser des salles de shoot, comme à l'époque des discussions pour leur implantation (ou non) sur le sol français, on entendait tout et n'importe quoi... On a donc profité de la diffusion au Festival d'Alès du documentaire d'Alexandra Kandy-Longuet, qui a posé sa caméra sans aucun jugement ni apriori au sein d'une salle de shoot belge, pour nous montrer concrètement en quoi elle consiste. Et on était très loin d'imaginer pareille structure, pareils usagers, pareille aide humaine. On croise des parcours de vie très difficiles (certains discours nous ont brisé le cœur l'homme qui se bat pour devenir un papa convenable pour son fils, celui qui a été martyrisé et affamé par son père...), des consommateurs qui viennent surtout pour parler à quelqu'un qui ne les regardera pas comme "des camés" (les employés de la structure ont presque un rôle de psy), qui cherchent de l'aide pour obtenir des logements ou un travail (facilités par l'appui de la structure, qui est un témoin de bonne volonté de l'usager), qui veulent diminuer progressivement leur consommation, qui ne veulent pas "être stone sur la voie publique"... On est bien loin de l'idée que cela génèrerait plus d'accrocs (les usagers du centre sont ceux qui se préoccupent de leur bien-être et de celui d'autrui, qui ont une démarche de s'en sortir), que la drogue serait fournie par le centre (on l'avait entendu, on vous promet...), et autres idées reçues que Chasser les dragons veut démonter une à une. Ici on voit les soins apportés aux personnes en détresse, on voit le matériel sécurisé pour prendre de la drogue en évitant la case hôpital, on voit que le centre accueille même les personnes qui ne viennent pas pour consommer, et là on dit oui. On ne comprend plus pourquoi les salles de shoot ne sont pas passées en France, tant le système semble fonctionner (le docu a l'air vraiment honnête, et promet un accompagnement des drogués vers une vie meilleure qui nous paraît formidable). Le premier pas est d'aller voir Chasser les dragons, afin de voir (et comprendre, surtout) la démarche du centre, un docu qui, en cinquante minutes, a renversé tous nos doutes sur le sujet. On se sent clean.