Ce n'est que depuis peu que le cinéma semble s'intéresser à la vie sentimentale des "séniors" qui ont choisi d'assumer leur attirance pour le même sexe (Deux, Supernova ...). C'est le cas dans le film chilien Les sentiers de l'oubli où Claudina, veuve de 70 ans, connait un émancipation tardive en s'épanouissant dans une relation amoureuse avec sa voisine, au désagrément de sa propre fille et à l'encontre de la population d'une petite ville figée dans la religion catholique et dans le dégoût des préférences autres que les leurs. Le premier film de Nicol Ruiz Benavides traite son sujet avec délicatesse, par petites touches, sans chercher le drame, en glissant sur une mélancolie qui se transforme en sérénité. Par ailleurs, Les sentiers de l'oubli insère dans son récit des éléments fantastiques, fortement symboliques, avec l'apparition énigmatique de lumières extraterrestres dont on ignore s'il s'agit d'une tentative de communication ou du signe de la fin des temps. Dans ce film de seulement 71 minutes, d'une densité tranquille, le sentiment est celui d'un apaisement gagné malgré le regard hostile des gens "normaux." En revanche, il existe une vraie frustration au final de ne pouvoir accompagner davantage Claudina sur les sentiers de sa nouvelle vie. Le rôle est magnifiquement interprété par Claudia Ramirez, actrice chevronnée, qui a surtout joué pour la télévision et dont le visage marqué touche par son humanité.