19 Novembre 2004, la rencontre tant attendue et diffusée en prime time entre les Pistons de Détroit et les Pacers d'Indiana se termine tranquillement, ces derniers infligeant une bonne branlée aux champions en titre dans une salle qui s'est déjà bien vidée! Tout va bien jusqu'à ce que le délicat Ron Artest décide d'offrir un petit massage gratos au fragile Ben Wallace dans une faute aussi débile qu'inutile! Et là, c'est le drame, le point de départ d'un effet papillon qui finira dans le chaos le plus total. Tout d'abord une échauffourée habituelle dans ce genre de situation, vous savez, le regroupement où chacun des protagonistes sort les muscles en faisant semblant de vouloir tarter tout le monde tout en comptant énormément sur ses coéquipiers pour les retenir assez rapidement histoire qu'ils n'aient pas l'air trop cons! Le cinéma traditionnel quoi...D'ailleurs la représentation semble se terminer au bout de quelques minutes lorsqu'un spectateur maladroit, estimant sans doute avoir assez bu pour la soirée, émets le souhaits de se débarrasser de sa bière et la jette malencontreusement sur le placide Ron Artest ! La mèche est allumée et c'est partie pour ce qui reste le jour le plus noir de la NBA avec, pour la première fois dans l'histoire du sport spectacle, des joueurs qui quittent le terrain pour aller en tribune en découdre avec des fans et, inversement, des fans se retrouvant sur le parquet, et pas seulement pour récupérer des maillots dédicacés! L'impensable arrive au royaume du sport spectacle tandis que par chez nous un certain Eric Cantona savoure tranquillement ces images considérant l'action d' Artest comme la plus belle de l'histoire de la NBA! nnAlors voilà, je ne vais pas cacher que j'étais plutôt comme la fosse, sceptique (tagada tsoin tsoin), au moment de lancer ce documentaire une production Netflix de plus d'une heure sur une bagarre qui certes m'avait bien marquée en son temps mais qui me semblait moins terrible dans mes souvenirs, ça sentait tout de même le racolage à plein pif! Force est de constater que c'est finalement un peu plus subtil que prévu et pas mal fichu du tout! nnTout d'abord en replaçant ce match dans le contexte de l'époque et la rivalité naissante entre ces deux équipes depuis leur série de play-offs de l'année précédente ayant vu les Bad Boys nouvelle génération l'emporter et filer vers le titre! (Pour info, les Pistons gagne le dernier match sur le score mirobolant de 69 à 65, un score que les moins de 30 ans ne peuvent sûrement pas connaître d'ailleurs ils sont déjà en PLS...). Du coup, la direction d'Indiana, ayant respiré brièvement l'odeur des Finals, fait tout pour offrir le graal à l'icône du club, ce salopard fou qu'est Reggie Miller, le meilleur pote de Spike Lee et rajoute un "dingue" de plus dans l'effectif en la personne de Stephen Jackson. Jamais Indiana ne semble avoir eu une équipe aussi forte et destinée au titre! Et nous avons donc sur le même parquet, ce fameux 19 novembre, Rasheed Wallace, Ron Artest, Ben Wallace, Jermaine O'Neal, et donc Stephen Jackson, un véritable cercle des poètes disparus, le tout dans une salle chauffée à blanc et où visiblement la consommation d'alcool est inversement proportionnelle aux qualités offensives de l'équipe....Voilà pour le contexte sportif! nnEn ce qui concerne le contexte social, après le chaos du Palace d'Auburn Hills, c'est rien de dire que cela fait la une de tout ce qui s'apparente de près ou de loin aux médias! Et le cheminement est rapide et simpliste! Ce qui est à la base un pétage de plomb de 2 ou 3 joueurs est bien vite résumé en un procès de la NBA, une ligue (majoritairement noire, faut-il le rappeler) constituée de joueurs trop payés et immatures pour ne pas dire voyous écoutant du hip hop toute la journée et n'étant pas radin sur les drogues..... Pas d'amalgame donc, comme on peut le voir....nDieu (David Stern) sentant le vent tourner et imaginant les liasses de billets verts perdues à jamais se montre très efficace! Le commissioner de la juteuse NBA, ne s'emmerde pas vraiment à écouter la version des joueurs, ni a visionner trop d'images, et 48 heures après, son enquête approfondie étant terminée, les sanctions tombent! En accord avec lui même (Une voix pour, zéro contre c'est lui même qui le dit), il décide de suspendre Ron Artest pour le reste de la saison, Jackson lui, prend 30 matches et O'Neal 25 matchs! L'affaire est dans le cul de l'âne, circulez il y a plus rien à voir! La carrière d' O'Neal sera marquée à jamais par cette soirée, Ron Artest finira par lâchement abandonné le navire, et Reggie Miller, tout comme Indiana, ne sera jamais champion et finira par tirer sa révérence après 18 années passées au club! nnConcernant les protagonistes de l'affaire, il est surprenant de constater la franchise et le recul que peut avoir Ron Artest sur l'individu qu'il était à l'époque (on pourrait le comparer à un certain Dennis Rodman, des joueurs talentueux mais extrêmement torturés qui font bien ce qu'ils veulent quand ils veulent tout en emmerdant le monde entier) abordant de front ses problèmes psychologiques et ne cherchant pas à atténuer sa lâcheté pour ne pas dire traîtrise envers Indiana! Il semble désormais bien plus apaisé qu'il ne l'était en tant que joueur! nStephen Jackson lui, reste Stephen Jackson , il reste toujours aussi cool et ne regrette rien. Les deux arriveront à chopper le titre avec les Lakers pour l'un et les Spurs pour l'autre! On en arrive donc au 3ème larron qui lui, terminera sa carrière vierge de toute consécration! On le sent encore bien touché 15 ans après et même si c'est lui qui a pris le moins cher en terme de suspension (25 matches finalement ramenés à 15) c'est sans doute lui qui en a le plus souffert changeant à jamais le déroulé d'une carrière qui s'annonçait plus que prometteuse....nnAlors oui, ce documentaire fonctionne très bien, donnant enfin la parole aux principaux protagonistes et permettant de rétablir (avec de nouvelles images et de nouveaux témoignages) une certaine part de vérité! Non, cet acte honteux n'est pas le fait de 3 voyous décérébrés écoutant de la musique de racaille mais l'enchaînement de diverses actions malheureuses (joueurs à cran et impulsifs, un supporter débile se croyant tout permis sous prétexte d'avoir payé son billet, manque de service de sécurité....) amenant à ce chaos total et inimaginable dans une salle nord américaine (contrairement à ce qu'on a pu voir en Europe il n'y a pas si longtemps que cela)! Loin d'excuser ce geste (on ne franchit JAMAIS la barrière entre le terrain et les spectateurs), ce reportage permet de mieux comprendre cet évènement qui changera à jamais le visage de la NBA pour en arriver à cette ligue actuelle tellement aseptisée (dress code, fin du trash talking, moindre écart sanctionné....).nUn documentaire qui ravira les fans de la NBA qui ont la quarantaine, et qui intéressera sans doute moins les autres....nnPour savoir de quoi on parle exactement, c'est ici nhttps//www.youtube.com/watch?v=ONfKrtMCUXc