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The Cloud in Her Room - Film (2021)

The Cloud in Her Room - Film (2021)

The Cloud in Her Room - Film (2021)

Le retour d'une jeune femme dans son village natal pour le festival du printemps, auprès de parents divorcés qui, individuellement, ont déjà rebâti leur vie, dans une tentative peut-être vaine de trouver des repères dans un endroit familier mais sans aucune racines.

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Vivent les grands vents qui nous viennent aussi bien du sud-ouest que de l’est ! Quand le cinéma hexagonal se plaît trop souvent à tourner en rond dans un même pré carré de thèmes et de formes (la langue est joueuse et aime à chahuter la pure logique géométrique…), des propositions cinématographiques particulièrement revigorantes nous arrivent régulièrement, aussi bien d’Amérique Latine (songeons par exemple au très récent « Clara Sola » de la prometteuse Nathalie Álvarez Mesén) que d’Extrême-Orient ; point n’est besoin de citer l’immense Wang Bing, de plus en plus fêté et reconnu ; et nous tenons ici, en ce premier long-métrage d’une jeune cinéaste chinoise, Zheng Lu Xinyuan, une sorte de flambeau d’une nouvelle Nouvelle-Vague chinoise qui, en un noir et blanc à la fois subtil et incandescent, viendrait réveiller nos pupilles et iriser nos cônes et nos bâtonnets de ses mille nuances. Flanquée d’un directeur de la photographie d’exception - Matthias Delvaux, qui avait également travaillé sur « Vivre et chanter » (2019) de Johnny Ma, et qui apparaît ici également à l’écran, en amant maternel, dans une scène d’apprentissage des langues à la fois délicate, un peu onirique, et des plus réjouissantes - la demoiselle apparaît nourrie au biberon des films expérimentaux et autres essais d’artistes. De ce biberonnage, et avec la complicité de Matthias Delvaux, de Sheng Chenchen à la direction artistique, et de Gang Yang et Li Dan-feng, pour un travail approfondi sur le son, Zheng Lu Xinyuan fait son miel et, sur un argument relativement épuré, nourri de ses expériences et de son propre rapport à sa ville d’origine, Hangzhou, elle embarque son spectateur dans une véritable odyssée immobile, explorant les voies du désir, de l’attente, des liens humains fondamentaux, des souvenirs et des rêves. Cette fragile architecture, volontiers arachnéenne, s’organise autour du personnage féminin de Muzi (Jin Jing), qui revient dans l’appartement de son enfance, en passe d’être loué, y conduit son nouvel amour, Yu Fei (Chen Zu), y revoit des scènes familiales… Si les nébulosités annoncées par le titre sont bien présentes dans la ville de Hangzhou où déambule l’héroïne, sur les rives du fleuve Fuchun, celles-ci savent aussi se concentrer et se matérialiser en eau, soit tombant du ciel en abondance et faisant entendre ses musiques diverses, selon le support de réception, soit créant au sol de vastes nappes, volontiers traversées de passerelles à fleur d’eau sur lesquelles progressent humains ou chats. L’eau - une eau bachelardienne, sur laquelle flottent pensées, rêves ou souvenirs - tient ici une telle place que la réalisatrice, également au scénario, s’autorise nombre d’images d’eau purement contemplatives, jouant des reflets, des vibrations, coupant aisément avec un réalisme strict, quand elle ne se risque pas jusque dans les parages de l’intime, comme devant ces poils pubiens alternativement immergés et émergeant de l’eau d’un bain, et se redressant alors comme de petites plantes. Si la question du couple occupe une part essentielle, et si le duo Jin Jing - Chen Zu mériterait de devenir aussi mythique que celui formé par les regrettés Belmondo et Jean Seberg, une grande attention est également accordée à de belles et fortes figures plus latérales, comme celles du père (Ye Hongming) et de la mère (Liu Dan), sans oublier la belle-mère (Liang Cuishan), ou encore un ami patron de bar (Dong Kangning)… Sans oublier non plus la ville de Hangzhou, personnage à part entière. Parallèlement aux prudentes tentatives de construction du nouveau couple et aux coups de boutoir qu’il ne peut s’empêcher de porter contre sa propre édification, les nombreuses visions d’une ville en chantier offrent une glose assez transparente. Dans le plan final, la solarisation de l’image répand, comme un jet défensif d’encre de pieuvre, le nuage de poussières produit par la destruction d’un immeuble. Une victoire de l’obscur, permise par l’inversion ponctuelle des valeurs blanches et noires, qui affiche une beauté sombre et pessimiste ne manquant toutefois pas d’une certaine force de fascination, en douceur et sans violence.

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