Lui est le 8e long métrage de Guillaume Canet, projet imaginé et écrit pendant le confinement puis tourné en 3 semaines après celui ci. Un homme s'isole quelques jours dans une maison isolée sur une île et va faire le point sur sa vie et ses relations avec son entourage. On a ici à faire à un film à la Blier, on est un peu dans la même idée que Le Bruit des Glaçons de ce dernier, tout se passe dans la tête du personnage, il imagine les discussions, met en scène son entourage dans sa tête ainsi que la part de son être qu'il renie. nJe trouve le film assez remarquablement bien écrit, les discussions imaginaires sont vraiment pertinentes et riches, surtout celles avec Efira et "Lui", cette part sombre de son être avec laquelle on a tendance à excuser nos défauts, impulsions, nos échecs avec laquelle il faut lutter perpétuellement. nRéflexions plutôt bergmaniennes duquel il s'inspire aussi clairement que de Blier. Bon par contre, si les scènes dans l'imaginaire du personnage sont vraiment réussies, les scènes en dehors n'ont pas vraiment d'intérêt, déjà au début, le film pose des pistes qui ne serviront à rien, comme le personnage du "fils de la folle" ou l'aspect horrifique de la maison sur lequel le film appuie énormément (avec le grenier dans lequel il ne faut surtout pas rentrer). nnLes acteurs sont vraiment bons, Efira est clairement dans une période impressionnante ( elle était déjà exceptionnelle dans Benedetta), Kassovitz fait toujours plaisir à voir jouer et Canet donne vraiment l'impression de se livrer entièrement, mais en restant un peu en retrait, avec une certaine mélancolie. La mise en scène est un poil simpliste, bien qu'elle colle bien au sujet en soit, en étant efficace, en s'effaçant un peu pour laisser de la place aux acteurs, les transitions entre les discussions avec les personnages imaginaires sont plutôt bien faites, les apparitions/disparitions vraiment bien gérées.nPar contre les changements de journées sont vraiment brutales. Vers la fin du film il faut quand même noter que la mise en scène a des grands moments de bravoure (avec l'orage et avec le plan final)nnUn film finement bien écrit, qui tient ses racines chez Bergman et Blier et parvient à s'échapper de ses influences (reprend un concept de Blier mais ne se perd pas à essayer de faire du Blier dans les dialogues par exemple) pour nous servir une narration inhabituelle et assez inattendue. Vraiment sympathique j'ai été agréablement surpris.