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Halloween Kills - Film (2021)

Halloween Kills - Film (2021)

Halloween Kills - Film (2021)

Laurie Strode, sa fille Karen et sa petite fille Allyson viennent d’abandonner le monstre au célèbre masque, enfermé dans le sous-sol de la maison dévorée par les flammes. Grièvement blessée, Laurie est transportée en urgence à l’Hôpital, avec la certitude qu’elle vient enfin de se débarrasser de celui qui la harcèle depuis toujours. Mais Micheal Myers parvient à s’extirper du piège où Laurie l’avait enfermé et son bain de sang rituel recommence. Surmontant sa douleur pour se préparer à l’affronter encore une fois, elle va inspirer la ville entière qui décide de l’imiter et de se soulever pour exterminer ce fléau indestructible. Les trois générations de femmes vont s’associer à une poignée de survivants du premier massacre, et prennent les choses en main en formant une milice organisée autour de la chasse et la destruction du monstre une fois pour toutes. Le mal meurt cette nuit.

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Cette nuit d'Halloween 1963 où le jeune Michael Myers massacre sa sœur à l'aide d'un couteau réveille les démons d'une Amérique qui n'aspire qu'au calme et à la tranquillité. Du bout de son objectif, John Carpenter dessine Haddonfield comme un architecte de l'image. Derrière les façades des maisons jumelles, le mal insidieux se propage comme une gangrène dévore un membre. Revoir le film séminal de Big John, c'est prendre conscience de l'unité artistique du projet et de faire communiquer le décor comme un personnage à part entière. Haddonfield est une petite ville qui parle au spectateur. Peu de courbes mais une dimension géométrique qui n'envisage que des lignes droites, des parallèles ou des angles droits. Laurie Strode (Jaimie Lee Curtis) ne parcourt que des rues d'un point A vers un point B dans un réflexe pavlovien Maison - Collège puis Collège - Maison. Tout y est programmé sans le moindre grain de sable qui pourrait l'extirper de cette vie calculée dans ses moindres détails. Cernées dans un cinémascope aux larges bandes noires, les formes d'Halloween prennent tout leur sens. Les carrefours perpendiculaires, les cadres de porte, les meubles, les carrés de jardin, les téléviseurs sont utilisés comme repères dans l'espace. Rassurant s'il en est, cette appartenance aux choses du quotidien dénote le moule dans lequel évolue Laurie. Un labyrinthe pour classes moyennes consuméristes bientôt ébranlé par une fête païenne ancestrale. Les lignes se brisent alors et L'American Way of Life se désagrège sous les coups de couteau donnée par une anomalie humaine. Halloween ne paraphrase pas les maux de la société de l'époque. Le film est visionnaire. Il en devine le futur chaos. Mieux, il anticipe l'effondrement d'une communauté placée sous le signe du bonheur et de la prospérité. Bien loin de l'image de la forteresse taillée dans la pierre et brossée par les futurs films, Michael Myers se place dans la posture du voyeur au souffle rauque. Une victime privée de chair pendant des années incapable d'érection et prêt à empaler des hippies libidineux sur son couteau, lame elle-même droite et brillante à l'image de la géométrie environnante. Carpenter n'a pu donner une suite idéale à son classique de 1978. Tout simplement parce que la cohérence du segment originel ne peut se déplacer dans un décor autre que celui anguleux d'Haddonfield. Halloween 2 de Rick Rosenthal ne pourra que capitaliser sur ses lignes de fuite au coeur des longs couloir du Mémorial Hospital pour tenter de mimer son prédécesseur. Le reste n'appartiendra qu'à la mythologie ressassée du slasher. Si l'histoire de la franchise n'aura pas donné raison aux producteurs malgré toute la sympathie que l'on peut avoir avoir pour la saga (et ses segments les plus antipathiques), aucun film ne se mesurera à la cohérence stylistique du premier volet. Kevin Williamson co-auteur du revival du sous-genre grâce à Scream et producteur s'est également pris les pieds dans le tapis en déracinant Laurie Strode de sa ville natale dans une nouvelle timeline qui devait redonner un poil de noblesse à la série. Seul Rob Zombie bataillant contre les Weinstein éclairera le hors champ de la mythologie Myers laissant échapper les monstrueux fantasmes de sa créature dans un bouillon de culture et de sang white trash.nnDavid Gordon Green est-il l'homme providentiel pour mener à bien le projet de perpétuer dans le présent un mythe cinématographique et son lieu d'origine ? Halloween Kills sous ses travers de porc de film d'exploitation rate le coche du sous-texte politique dont il s'affuble. Kills n'est plus à l'heure de sa dénonciation parce qu'il ne fait que paraphraser un contexte dont il connait la gravité et dont il se nourrit pour forger les fondations de ses thématiques dans l'air du temps. Un non sens lorsque l'on connait la puissance évocatrice du premier segment de Carpenter qui savait enfouir les croquemitaines dans les armoires avant de les ressortir lorsque le silence de mort d'Haddonfield transperçait les oreilles du spectateur. Jaimie Lee Curtis, ici co-productrice, avait annoncé à la presse son souhait d'inscrire le film dans cette idéologie vengeresse où les repères sociaux devenaient de plus en plus flous. La récupération politique n'avait plus qu'à tendre la main aux journalistes afin de remplir des colonnes de papier sur la prétendue caution intellectuelle du film. Des perches visibles à 300 mètres en temps de brouillard harponnant au passage une représentation des minorités dont le destin en laissera plus d'un...sceptique. Halloween Kills à la maladresse de son époque soit un film livré et déjà pré-décortiqué par ses auteurs avant même que le spectateur ait émis un avis. Seulement, sous sa première couche aux accents politiques maladroits, Kills doit littéralement se montrer sous cette première interprétation fallacieuse et déconcertante pour en livrer une seconde au sang pur. Pour la première fois, le film ne parle plus de filiation, d'immortalité ou de résurrection mais de l'impact de la violence au sein d'une petite communauté de personnes. La rage qui émane de la population (voire des villageois) trouve ses racines dans la littérature gothique mais aussi dans le Septième Art. Ce ne sont plus les fourches et les torches que l'ont brandit mais les battes et les armes de poing. La peur ne peut plus être le sentiment unique de la franchise. Elle se mue en fascination à la manière des monstres de la Universal qui auront irrigué l'imaginaire d'une génération entière de 1930 à 1950 devant la caméra de James Whale et Jack Arnold. Myers, Strode et Haddonfield ne font plus qu'un de la même manière que la créature, Frankenstein et les Alpes Suisse sont intimement liés. David Gordon Green poursuit cette idée à la fois cinématographique et littéraire de la créature livide aux yeux absents. Au travers d'une fenêtre, Myers contemple son reflet interrogeant son inhumanité alors que son entourage croit qu'il observe les jardins. Une idée qui n'aurait certainement pas déplu à Mary Shelley qui décrivait son monstre comme un être doué de raison dans un corps maladroitement rapiécé. Une analogie de la conscience entre deux monstruosités qui pourrait se prolonger physiquement. Le masque de Myers boursouflé par le feux devient un élément organique au même titre que les membres de la créature de Frankenstein. De retour au bercail et après un premier affrontement dans un sous-sol en feu, Myers s'émancipe de Strode et entreprend son long rituel sur sa terre natale. Kills n'est plus une balade atmosphérique baignée de couleur orange et noir mais une virée dans les bras de la grande faucheuse. La population a la rage et Myers le goût du sang. Il est temps pour le film de David Gordon Green de retrouver ses pulsions meurtrières en éviscérant ses victimes dans la grande tradition des Halloween movies en assumant plus que de raison son esthétisme du sang. Un plaisir que ne refuserait pas un initié de la saga conscient de tenir ici et peut être plus qu'un autre, un épisode essentiel de la franchise à défaut d'un grand film qui se respecte.

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