Drame psychologique teinté de polar, "L'ennemi" m'a rappelé deux titres récents "La fille au bracelet" (remake du film argentin "Acusada") et le plus méconnu "Une part d'ombre", également un film belge, portrait d'un homme sans histoires soupçonné de meurtre.A chaque fois, on ne sait pas d'emblée si le héros est coupable ou innocent de ce dont on l'accuse.Si "Noces", le précédent titre de Stephan Streker, avait reçu un bel accueil, cette fois-ci le réalisateur wallon ne semble pas faire l'unanimité ; et je peux comprendre ceux qui ont vu en "L'ennemi" une sorte de téléfilm de luxe.Mais pour ma part, malgré une intrigue guère originale a priori, j'ai été rapidement happé par l'atmosphère du film (décors, lumières magnifiques) et par la mise en scène élégante de Streker, de sorte que j'ai suivi cette histoire (inspirée d'un véritable fait divers, l'affaire Wesphael) avec intérêt et sans ennui.En revanche, j'ai constaté un certain nombre de maladresses, proches de me faire sortir du film, qui empêchent ma note de monter au-dessus de 6/10. Ainsi, l'interprétation se révèle inégale, en dépit d'un joli casting et de seconds rôles convaincants (Emmanuelle Bercot en avocate et amie, Felix Maritaud en codétenu...).Paradoxalement, c'est l'habituellement excellent Jérémie Renier qui pose problème, du moins dans sa facette de jeune politicien à la parole libre (et à la coupe de cheveux étrange), certaines répliques frôlant alors le ridicule. Renier se montre plus juste dans sa relation passionnelle et dangereuse avec la séduisante Alma Jodorowsky.Peut-être trop ambitieux sur le plan thématique (justice, politique, addictions, opposition wallons-flamands,...), "L'ennemi" apparaît parfois bancal, et pas forcément abouti.Néanmoins, j'ai passé un bon moment de cinéma devant ce film intrigant, et je n'hésiterai pas à me pencher sur l'œuvre passée ou à venir de Stephan Streker.