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Turning Point : Le 11 septembre et la guerre contre le terrorisme - Série (2021)

Turning Point : Le 11 septembre et la guerre contre le terrorisme - Série (2021)

Turning Point : Le 11 septembre et la guerre contre le terrorisme - Série (2021)

Cette série documente, sans concession, les attaques terroristes du 11 septembre, de leur origine au cœur d'al-Qaïda dans les années 80 à la réponse forte de l'Amérique.

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Tout a été dit sur le 11-septembre, ou presque. Mais les événements qui ont suivi les attentats, dans leur enchaînement apparemment erratique et confus, entre Afghanistan et Irak, entre guerre contre Al-Qaïda et lutte contre les Talibans, entre volonté de pacifier et souhait de démocratiser des régimes autoritaires, ont souvent rendu la lecture des deux premières décennies des années 2000 difficile pour beaucoup de gens.nnMettre un peu d’ordre dans ce chaos, poser des responsabilités, pointer du doigt et dire les raisons de l’insuccès des opérations américaines au Moyen-Orient après le 11-septembre, c’est ce que se propose Turning Point, série documentaire produite par Netflix en 5 épisodes d’1h chacun. Sa grande force et de donner la parole à des responsables politiques, militaires et civils de premier plan, ayant connu la crise et ses répercussions au plus près. Sans filtre, chacun expose sa vision des événements, défend la manière dont ils ont été interprétés à l’époque et se montrent même (rarement) critiques sur leurs choix antérieurs. Un drame en cinq actes admirablement bien ficelé, clair, sans tomber dans la simplification ou l’angélisme.nnL’échec des services de renseignements US à la veille du 11/9nnLe premier épisode se concentre sur les attentats du 11-septembre proprement dits, leur origine idéologique dans l’interventionnisme américain triomphant des années 1990 et dans la sous-estimation de la menace posée par Al-Qaïda et Ben Laden. Mais au-delà de ça, il pointe le manque de communication entre les différentes agences de renseignement américaines CIA, FBI, NSA. Avant 2001, chacune de ces agences fonctionnait en vase clos, attitude dont n’était pas totalement absente une certaine jalousie ou du moins une impression de supériorité de l’une sur l’autre.nnLe manque de collaboration à l’échelle des renseignements américains explique l’étonnante facilité avec laquelle les différents terroristes du 11/9 sont arrivés plus d’un an à l’avance sur le sol US sans jamais être inquiétés, et ce malgré leurs liens sur le sol américain avec des membres de la sphère islamique radicale. Un échec au retentissement dramatique qui se solda par le détournement de 4 avions de ligne, dont 3 toucheront leurs cibles comme prévu, causant des milliers de morts.nnLa réponse politique l’interventionnisme borné de l’administration BushnnLe deuxième épisode se focalise sur la réponse de l’administration Bush à l’attaque du 11/9. Réponse précipitée, en grande partie motivée par la soif de vengeance, qui implique comme on le sait une intervention armée en Afghanistan pour déloger les Talibans qui ont accueilli Ben Laden depuis la fin des années 1990 et lui ont facilité la tâche pour qu’il prépare les attaques du 11/9.nnMieux connu, cet épisode met en lumière le mépris de Bush, Cheney et consorts pour la Constitution américaine (le VP étant adepte d’une lecture très étendue des pouvoirs présidentiels, au détriment du Congrès censé le contrebalancer) et la déconcertante facilité avec laquelle, grâce au climat de terreur et d’incertitude ayant résulté du 11/9, l’exécutif américain a pu mettre en branle l’armée pour intervenir sans tarder en territoire afghan, sans réel plan stratégique sur le long-terme.nnTorture, Saddam, Patriot Act la guerre contre le terrorisme change de visagennDans un troisième temps, la série s’attache à décrire le moment jugé comme « pivot » par bon nombre d’historiens et d’observateurs politiques dans le conflit post-11/9 l’engagement américain en Irak voulu par l’administration Bush, sous couvert que Saddam Hussein aurait été en relations étroites avec Ben Laden afin de développer des armes de destruction massive pour commettre d’autres actes terroristes. L’hypothèse, déjà jugée fantaisiste par bon nombre de responsables politiques du monde entier en 2002-2003 (dont notre cher Dominique de Villepin), fut le leitmotiv d’une intervention US en Irak quelques mois après la victoire-éclair obtenue en Afghanistan sur les Talibans, repoussés qui au Pakistan, qui dans l’extrême-nord du pays.nnL’utilisation de la torture à Guantanamo pour faire dire aux prisonniers ce que les chefs politiques américains voulaient entendre est mise en lumière, tout comme par la suite l’emploi de ces aveux par Colin Powell afin de justifier l’intervention en Irak devant le conseil de sécurité de l’ONU en 2003. La falsification des preuves fut un élément central de la politique de Bush, persuadé comme il l’est rappelé qu’il avait à mener pour les États-Unis une mission quasi-messianique en terres d’Islam à l’aube du troisième millénaire.nnLes répercussions domestiques du 11/9 sont également soulignées, incarnées par le Patriot Act et ses mesures extrêmement intrusives dans la vie privée des citoyens américains. Il donne à la police et aux services de renseignement tels que la NSA des pouvoirs étendus de surveillance qui n’ont pas à être avalisés systématiquement par des autorités judiciaires une rupture fondamentale dans l’équilibre des pouvoirs prôné par la Constitution US.nnLe bourbier afgha On entend souvent dire que faire la guerre au terrorisme, c’est comme faire la guerre à des fantômes. La deuxième campagne en Afghanistan, qui commence aux lendemains de l’invasion en Irak, en est la preuve par l’exemple. La mise en place d’un gouvernement soutenu par les États-Unis s’accompagne d’une montée en flèche de la corruption dans les hautes-sphères du pouvoir. Véritable « kleptocratie », l’État afghan post-Taliban a drainé des dizaines de milliards de dollars aux contribuables américains, la plupart du temps utilisé dans des projets inutiles ou comme pots-de-vin. La corruption endémique des élites afghanes, couplée au manque total de perspective militaire concrète (qui attaquer ? où ? dans quel but ? pour quelle finalité ?), ont participé à instaurer un climat de défiance entre les troupes US et les civils du pays, auxquels se mêlaient opportunément les Talibans. Faire la guerre à des terroristes, c’est faire la guerre à des hommes sans uniformes, sans signe distinctif du reste de la population, sur un terrain difficile et criblé de mines artisanales. L'ennemi est partout, et nulle part tout à la fois.nnL’Afghanistan est devenu en un rien de temps un « Vietnam 2.0 » pour un état-major américain (et plus largement occidental) complètement privé de vue à long ou moyen-terme sur la situation stratégique. Des anciens généraux désormais retraités l’avouent eux-mêmes ils ne savaient pas quel était l’objectif de toute cette guerre, et si même il y en avait un...nnTout ça pour quoi ?nnFruit de 20 années d’errances stratégiques et de subventions jetées par les fenêtres, la guerre en Afghanistan s’achève sur une note dramatique, par un statu quo ante bellum des plus amers avec la reprise du pays par les Talibans à la vitesse de l’éclair. Environ 2 500 soldats US y ont perdu la vie entre 2001 et 2021, pour un « profit stratégique » quasi nul, si ce n’est négatif déjà écornés par le passé pour leur engagement controversé au Vietnam, les US essuient en l’espace de 50 ans un nouveau revers militaire qui affaiblit également leur position dominante comme leaders du « monde libre ». À cela viennent s’ajouter les bavures médiatisées par whistleblowers comme WikiLeaks, donnant à voir un autre visage de cette guerre d’usure (violences commises sur les civils par les troupes régulières, frappes de drone causant de lourdes pertes collatérales etc.). Des révélations à même d’accroître la défiance des locaux mais également des autres démocraties occidentales à l'encontre des US.nnPour conclurennCourte, claire, concise, on peut arguer que cette mini-série ne couvre pas certains points du post-11/9 qu’il aurait été intéressant d’analyser, telle que la résurgence du complexe militaro-industriel, principale bénéficiaire de ce conflit de longue durée et extrêmement coûteux, dont les liens extrêmement nébuleux avec les politiciens américains commencent seulement à être envisagés dans leur ampleur tentaculaire.nnLe rôle des lanceurs d’alerte et surtout des médias est aussi un peu survolé à chaque épisode, et aurait mérité quant à lui un peu plus d’approfondissement, afin de mettre en évidence les fractures causées par le conflit extérieur au sein de la société civile américaine. Car comme l’ont bien montré des études récentes outre-Atlantique, la guerre d’Afghanistan a joué un rôle capital dans la montée en flèche du populisme et de la défiance des élites US (l’establishment) ; défiance incarnée par Donald Trump et son approche radicalement différente des relations internationales de celle préconisée par son prédécesseur Barack Obama.nnUne série globalement de très bonne facture, objective dans sa présentation des faits et équitable dans le partage de la parole entre les différents acteurs qui furent confrontés à la crise du 11/9. Un tournant dans l'histoire contemporaine récente qui n'a pas fini de faire parler de lui...

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