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Maid - Série (2021)

Maid - Série (2021)

Maid - Série (2021)

Fuyant une relation violente, une jeune mère devient femme de ménage et se bat pour subvenir aux besoins de sa fille, dans l'espoir d'un avenir meilleur. Inspiré d'une autobiographie qui est devenue un best-seller.

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Maid est une série en 10 épisodes produite par Warner Bros et diffusée sur Netflix. Elle s'inpire du vrai récit de Stephanie Land (« Hard Work, Low Pay, and a Mother's Will to Survive ») et traite de la charge mentale pesant sur une jeune mère (Alex) alors qu’elle se retrouve confrontée à la nécessité de réinventer (ou plutôt d’enfin prendre) son indépendance pour offrir à sa fille un autre chose bien meilleur. Une indépendance afin de s’émanciper d’un quotidien jusque là oppressif comme un cercle vicieux à coup de compagnon alcoolique et de vie en mobile home sans-le-sou au fond des bois. Et si la trame de la série, basée sur ce motif de « quel malheur va-t-on bien pouvoir lui faire vivre aujourd’hui ? » s’avère répétitive ce n’est que pour appuyer un peu plus fort le poids de cette charge mentale quotidienne. Tous ces « mal en pis » rappellent d'ailleurs bien les deux séries sur lesquelles a officié la créatrice de Maid (Molly Smith Metzler) Orange is the new black et Shameless.nnMargaret Qualley (Alex), qui donne ici la réplique à sa mère Andie MacDowell, pourrait presque être une erreur de casting puisqu’on on l’a surtout connu pour son rôle d’adolescente dans The Leftovers et de hippie va-nu-pieds dans Once Upon a Time in Hollywood. Malgré tout elle a quand même déjà pu jouer le rôle d’une mère esseulée dans le jeu-vidéo Death Stranding. Et si les thématiques entre les deux oeuvres sont bien sûr à des années-lumières, cette idée "d’échouage" (« stranding » en anglais), de la mort dans le jeu et "d’échouage social" dans la série peut être une figure intéressante de rapprochement le temps d’une petite digression. Bref, l’actrice s’avère au final assez idéale pour endosser cette dualité mère-femme. Une mère délicate et complice avec sa fille et à-côté une femme débrouillarde et à qui les gentes masculine et féminine lui reprocheront de nombreux maux et responsabilités qu’elle aurait soit disant mal-endossées. Un ordre des choses semble donc s’imposer à elle, une prédestinée en héritage dont elle prendra conscience, sans qu’elle ne doive en chercher la remise en cause. La série accuse deux premiers épisodes en tout-venant avec une intrigue qui se fait un peu décoffrer aux forceps mais elle se renforce rapidement à partir du troisième pour reprendre des pourtours assez réalistes. Elle noue ensuite parcimonieusement ses rebondissements avec des micro-séquences plus « arty » et imagées qui permettent à Margaret Qualley de jouer un peu plus loin ses souffrances qu’elle tait derrière un visage normalement tétanisé par l’effarement de ce qui lui tombera dessus au fur-et-à-mesure. Ses angoisses sont aussi illustrées avec des séquences d’hallucinations qui ne se distinguent pas si facilement parfois de la réalité du récit, et c’est parfaitement dans le thème de la charge mentale, tout suit un même flux de tensions difficilement dénouables dans son esprit.nnL’une des grandes difficultés au devant de laquelle allait la série était sûrement la gestion du personnage de la petite fille d’Alex (l’adorable Rylea Nevaeh Whittet). Censée avoir autour de 3 ans, elle pouvait vite devenir un « poids mort » balloté de bras en bras et de lieux en lieux du fait qu’elle ne puisse pas donner véritablement la réplique. Et c’est peut-être un peu le cas par moments mais Margaret Qualley parvient à porter efficacement leur relation sur ses épaules du fait de son seul jeu à elle. Et puis la série réussit bien dans son écriture à rendre tangible cette enfant, encore un peu bébé, dans le reste des scènes où elle n’est pas convoquée.nnLa série se permet aussi de faire un peu la brochure utile à l’attention de qui en aurait besoin puisqu’elle présente à travers l’histoire de nombreux programmes gouvernementaux américains qui entendent répondre à de nombreux problèmes sociaux (les DV houses pour les personnes victimes de violences conjugales, l’APL américaine dénommée T-BRA, les maisons d’accueils pour les sans-abris etc). Elle en pointe aussi les nombreuses limites. La série a donc une visée sociale et même politique assumée.nnEn plus de tenter de recourir à ses différents services sociaux, Alex et sa fille naviguent entre les possibilités que lui offre le corps social qui maille son quotidien. De l’avocate en droit des sociétés un peu bêcheuse chez qui elle fait le ménage, l’ami généreux mais pas trop, les proprios douteux et les « assistantes sociales » (même si ce n’est pas le terme exacte) qui l’aideront véritablement à manoeuvrer. Sa situation de « maid » (femme de ménage) permet aussi de rencontrer de nombreuses personnes d’horizons différents, avec des histoires particulières (à ne pas divulgâcher ici tant certaines sont prenantes) qui finissent de nouer le récit dans un microcosme plus large que la seule famille d’Alex. On se retrouve alors avec une pelletée de portraits tantôt touchants, tantôt désabusés de tous ces américains qui recourent à ses services ménagers et qui finissent par se retrouver dans le petit carnet où elle écrit son quotidien. Ce qu’il y a d’intéressant avec ces nombreux personnages est qu’ils sont aussi présentés comme embourbés dans des cercles vicieux, des habitudes prises à bras le corps dont ils ne se dépêtrent pas et qui font craindre à Alex la répétition de schémas qui ne seront que délétères pour sa fille. Elle se retrouve d’ailleurs elle-même témoin de sa propre prédétermination avec une sorte de retour à la case départ à un moment donné.nnIn fine, s’il n’est a priori de bons cercles vicieux qui ne se quittent, je vous laisse la curiosité de voir si la série croit en cela ou si elle s’avère plus pessimiste avec le destin d’Alex. En tout cas, dix épisodes plus tard, elle aura navigué et échoué de situations en situations tout en évitant de faire s’épancher le récit dans un misérabilisme réducteur. La série laisse alors dans la tête la sensation d’avoir intelligemment joué avec les nuances pour composer de véritables aboutissements narratifs en bout de route. Bref, une série digne d’intérêt comme en son temps la série Unbelievable, autre série (policière cette fois) de la plateforme qui avait pu attirer l’attention pour le traitement saisissant et empathique de sa personnage principal.

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