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The Haunting of Bly Manor - Série (2020)

The Haunting of Bly Manor - Série (2020)

The Haunting of Bly Manor - Série (2020)

Série de Mike Flanagan Épouvante-horreur, thriller et mini-série 1 saison (terminée) Netflix 55 min 9 octobre 2020

Une jeune gouvernante américaine arrive dans un vaste manoir anglais pour s'occuper de deux orphelins. Malgré son enthousiasme, elle ne peut ignorer le malaise ambiant.

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“The haunting of Bly Manor” est à prendre comme une belle histoire de fantômes (ou une histoire d’amour comme le disent les personnages) plutôt que comme une série d’horreur. Une fois ce fait accepté, vous pouvez tenter ce voyage dont les tenants et les aboutissants ne restent cependant pas clairs.

L’histoire reprend initialement la nouvelle d’Henry James, “Le Tour d’écrou”, qui a déjà été reprise dans le film “Les Innocents” en 1961. De nombreux clins d’oeil seront d’ailleurs faits en l'honneur du film tout au long de la série, comme par exemple, la chanson envoûtante “o willow waly”. Pour résumer l'histoire en quelques mots, il s'agit d'une jeune gouvernante qui arrive dans un manoir isolé de la campagne anglaise afin de s’occuper de deux jeunes orphelins. Elle se rend compte petit à petit que l’ancienne gouvernante et l’ancien valet, désormais morts, semblent hanter les deux enfants.

Une histoire qui aurait bien suffit pour faire tenir une petite série de 9 épisodes. Malheureusement Mike Flanagan, le réalisateur, a préféré mélanger plusieurs nouvelles d’Henry James donnant naissance à une intrigue tortueuse et au final très confuse. Les évolutions de l’histoire sont soit trop rapides (on découvre en un épisode le passé des personnages), soit trop lents (les allers-retours entre les souvenirs et la réalité qui durent des heures merci bien) avec une résolution de l'intrigue qui ne dure pourtant qu’une trentaine de minutes. Je ne parle même pas du dernier épisode (SPOIL)

où la vie post Bly des personnages ne présente strictement aucun intérêt. Autant faire mourir la gouvernante immédiatement. Pourquoi en effet attendre une quinzaine d’année ? Sans parler de l’incohérence… Pourquoi Viola arrête de hanter les vivants ? Pourquoi revient-elle d’un coup ? Mystère.

Le second élément qui change par rapport aux Innocents ou au Tour d’écrou, c’est l’ambiguïté des personnages. Dans le livre et le film, on ne sait pas avec certitude si les personnages sont bel et bien hantés ou, si tel était le cas, lesquels le seraient réellement. Serait-ce la gouvernante ? Les enfants ? Cette ambiguïté provoque tout un système de balancier qui faisait entrer l’histoire dans un axe psychologique complexe mais intéressant. Mais le parti pris de “The Haunting of Bly Manor” est tout autre : ici le réalisateur assume parfaitement de nous plonger dans un univers totalement fantastique où les fantômes existent réellement et sont visiblement capables d’interagir avec les hommes.

Ce n'est pas la seule chose qui change. En effet, toute la dimension sexuelle de l’histoire disparaît également. Cette tension entre une morale trop étroite et des pulsions sexuelles réfrénées, présente dans le film de 1961 et le livre, ne figurent plus dans la série de Mike Flanagan. On a bien le valet et la gouvernante qui font deux trois parties de jambes en l’air, mais enfin rien de transcendant et surtout rien qui ne soit marquant pour l'histoire. Autre temps, autres mœurs me direz vous… La sexualité semble avoir perdu ici de son aura sacrée et intouchable, remplacée par l'Amour avec un grand A.

Histoire de fantômes donc, mais qui reste bien loin de nous faire pousser des cris d’horreur. A part les jump scare, l’ambiance peine à se faire pesante ou angoissante. Dans sa volonté d’ancrer l’histoire dans le fantastique, Mike Flanagan a peut-être ainsi poussé trop loin le réalisme technique, ne laissant pas la suggestion et l’incertitude faire leur effet. En montrant trop rapidement les fantômes (des fantômes très vivants qui plus est), on perd la peur de l’inconnu, un facteur déterminant dans le genre de l'horreur. Sans compter que le fantôme sans visage me parait assez mal fait et donc finalement assez peu effrayant (voir ridicule).

Ce choix apportait pourtant un outil de taille puisqu’il était ainsi possible d’entrer dans l’univers des fantômes et de jouer avec la temporalité des scènes et des souvenirs. Mais là encore, peut-être va t-on trop loin : on ne sait plus ce qui est vrai, ce qui est un souvenir, pourquoi les souvenirs changent etc... un peu à la manière de “Mulholland drive” ou d’”Inception”. Alors pourquoi pas, mais dans le thème des fantômes cela perd le spectateur dans un abîme de réflexion sans pour autant servir l’ambiance générale de tension et de peur. (SPOIL)

Pour ma part, je n’ai toujours pas compris à partir de quel moment la femme de ménage devient finalement un fantôme. Et pourquoi alors ne savait-elle pas qu'elle était un fantôme ? Pourquoi pouvait-elle interagir comme un humain avec les autres ? Bref.

En plus de la confusion de l’intrigue et de la temporalité, j’ajouterai que certains éléments scénaristiques me paraissent baclés : (SPOIL)

A quoi sert le fantôme de la gouvernante ? Pourquoi disparaît il ? Comment sont morts les parents des enfants ? Pourquoi l’oncle est-il hanté ? Les fantômes seraient-ils aussi à prendre comme une souffrance psychologique ? Encore une fois, mystère.

Le réalisateur en laissant de côté certains éléments de l’histoire laisse une sensation d’inachevé, ou pire, de mélange des genres (série psychologique ou série fantastique ?) qui ne fonctionne pas.

La série dispose néanmoins de points positifs. Deuxième opus très attendu de Mike Flanagan qui avait créé déjà “The Hauting of Hill House”, vous retrouverez les très beaux plans du réalisateur, avec une belle lumière et une esthétique impeccable. Les acteurs sont quant à eux bien dirigés et sont crédibles dans leur rôle, avec un léger bémol sur les enfants.

A tout prendre, on peut donc passer un bon moment avec cette série, mais encore faut il ne pas s’attendre à une série d’horreur, accepter les lacunes du scénario et la confusion des univers qui rendent le tout maladroit et babillant. S'il y avait une leçon a retenir c'est qu'à vouloir dire trop, on finit malheureusement par ne plus rien dire du tout.

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